VOSTOK I

2011

“Backyard, Quartier des Anonymes” 




Par habitude on ne s’y arrête pas. C’est une cour que l’on traverse du matin au soir pour garer sa voiture, prendre le bus ou rentrer chez soi. C’est une arrière-cour, un jardin entouré d’arbres comme il en existe derrière les trop nombreuses façades d’immeubles sur l’avenue Victoire, dans le quartier Bezymyenka. Dans ce quartier littéralement «sans nom», c’est l’anniversaire d’Alexié ce 9 mai 2011. Ici vivent principalement des familles, des retraités et des ouvriers. Son meilleur ami Sacha, sa copine Julia et d’autres vivant aux alentours sont présents. Ils sont skateurs, redskins, végétariens, ou simples voisins. Certains ne boivent pas d’alcool alors que d’autres avalent des ecstasy. Au milieu de cette journée le quartier et ses habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes
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VOSTOK II

2012

«Se méfier de l’eau qui dort 12»

Se méfier de l’eau qui dort. Regarder derrière les façades, traverser la fumée et avancer sans savoir où on met les pieds. L’inquiétude permanente qu’il peut arriver quelque chose ou que tout peut recommencer. L’insouciance de croire que l’on peut tout changer, de faire courber le tracé d’un chemin de fer, arrêter un train parti à toute vitesse. Croiser des personnes, ces rencontres éphémères, ces paysages qui apparaissent et disparaissent, que l’on revoit parfois, qui changent avec nous. La même eau trouble à chaque trajet,  ce sont 4 boucles jamais achevées par manque d’air, de temps, d’envie et d’énergie. Le temps qui passe, ce temps passé en Russie, l’apnée dans une eau trouble, calme en apparence mais qui à la bonne heure se réveillera.





VOSTOK III

2013

«Le monde est notre reflêt 1 & 2»

Trajet de 11000 km en Russie, le départ se rapproche et j’ai envie d’annuler. Pierre un ami de 10 ans, m’accompagne. Nous sommes montés dans un train à Berlin, encore complètement saouls de la veille, pour descendre à chaque fois dans une nouvelle ville et dormir 2 à 4 nuits parfois dans une cuisine, un séjour, une chambre. Train, bus, avion pour tomber sur les mêmes choses et les mêmes personnes qu’on a laissé chez nous à fumer, boire et travailler. Le cimetière d’hélicopters que j’avais cherché un an auparavant était devenu
un musée abandonné en banlieue de Moscou. Les antifascistes de Samara ont témoigné du meurtre de Nikolas Kalin poignardé 61 fois dans une cage d’escalier, des gardes frontières en Tchétchénie nous ont fait
payer le bakchich local profitant que nos papiers n’étaient pas en règle. En marchant dans les ruines d’une mine de charbon en Ukraine, d’anciens mineurs faisaient du tri et surveillaient les lieux. Sans pouvoir photographier leurs visages, je me souviens du teint rouge de leur peau.







VOSTOK IV

2018

“Future”

Ils écartent la question pour la plupart, car le plus important, c’est de survivre, le seul moyen d’y arriver, c’est de s’occuper et de penser à soi. Pourtant, ils sont seuls et leur propre image est une menace, comme en témoignent leurs comptes Vk, Insta, Facebook, leurs looks vestimentaires, leurs inclinaisons sexuelles, leurs idéologies politiques. La norme se rabat violemment pour celui qui essaye de se démarquer. Alors on se retrouve en groupe dans sa culture pour s’affirmer et on affronte l’autre. Russie, mars 2018





VOSTOK V

2018

“à ciel ouvert”

J’ai rencontré cette bande d’amis il y a 8 ans. Ils passent leur temps entre barbecue, bières, skates et drogues.Ils sont skateurs, antifascistes, gaffeurs et tatoueurs, imbibés de culture occidentale sans oublier leur identité russe. Sacha a transformé son amour pour les comics et cartoons, entre Simpson et South Park, en tatouage effectuant un mélange entre style japonais à la Scumboy et l’iconographie des tatouages russes de prison avec leurs références (étoiles, barbelés, phares, bateau). Il est devenu le tatoueur de sa bande, mais aussi d’autres qui ne peuvent pas se payer un tatouage dans les quelques salons de la ville. Il préfère tatouer chez lui par confort et par souhait d’indépendance. Samara avril 2018.





VOSTOK VI

2018

“Partisan”

Entre peur et désir, être en Russie partisan d’une homosexualité ou de tout mouvement «coming out» n’est pas sans risque. Activiste au sein d’une association qui lutte contre la propagation du VIH, Artyom milite contre les violences faites aux personnes LGBT Queers+. Dans ce décor, les risques sont aussi grands que le désir d’être acceptés au sein de la société publique. Saint Petersbourg, juillet 2018.



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