PARCOURS CHRONIQUES – OPUS I.
Avril - mai 2015, sur la route dite des « Balkans », les frontières s’ouvrent, se ferment et se rouvrent. Courant du mois de septembre 2015, une route encadrée, sécurisée et contrôlée est mise en place par les gouvernements nationaux sous l’influence de l’Union Européenne. Elle entend faciliter le mouvement et protéger les populations des refoulements illégaux, de l’exploitation financière des passeurs, des attaques répétées de groupes criminels. 18 novembre 2015, les événements s’accélèrent : le « corridor » devient réservé uniquement aux Syrien.ne.s, aux Irakien.ne.s et aux Afghan.e.s. Le 22 février 2016, ces dernier.e.s en sont exclu.e.s, et viennent ainsi s’ajouter à la longue liste des autres nationalités qui en sont bannies. 8 mars 2016, la Slovénie, la Serbie et la Croatie annoncent la fermeture officielle, totale et pour toutes et tous de la « route des Balkans » : les frontières se voient réaffirmées dans leur fonction première d’étanchéité, avec une vigueur sans précédent dans la région.
C’est précisément dans ce contexte mouvant que s’inscrit Parcours chroniques, un projet documentaire photographique et cartographique né de la dynamique de l’approche artistique transmédia d’Olivier Sarrazin, du travail de thèse de Lucie Bacon, et de la rencontre avec six jeunes hommes1 sur les routes balkaniques en décembre 2015 et janvier 2016.
Recueillir les vécus et les représentations des premier.e.s concerné.e.s. Restituer l’ampleur d’un phénomène à travers leurs itinéraires versatiles, et leurs profils disparates. Donner à voir la non-linéarité qui caractérise ces parcours, leur construction permanente, les nombreux allers et retours qui les composent, les réajustements… chroniques. Et ainsi, contribuer, à notre échelle, à la construction d'une mémoire individuelle mais aussi collective sur un phénomène résolument universel et atemporel.
Parcours chroniques. Opus I. constitue un premier aperçu de cette expérience collaborative avec Ibrahim, auteur de la carte qui ouvre cette série.
Ce projet en cours se poursuivra en août 2016, sur les traces de l’ancien corridor.
*Sunny, Ibrahim, Hemin, Nassir, Anis et Alam (d’un com- mun accord, les prénoms ont été changés).
April to May 2015: On the so-called Balkan route, the borders open, close and reopen. In September 2015, the concerned national governments opened a new “secured” and controlled route, under the influence of the European Union, with the objective to facilitate the movement of people, while protecting them from illegal pushbacks, smugglers and criminal groups.
November 18th 2015: With an acceleration of the process, the corridor is now « reserved » to Syrians, Afghans and Iraqis. Nationals from Iraq are excluded from this group from February 22nd 2016, joining the long list of countries banned from using this corridor.
March 8th 2016: The governments of Slovenia, Serbia and Croatia officially close the Balkan route for all nationalities. Borders regain their primary function of ensuring impermeability, with an unprecedented vigor in the region.
It is precisely in this context that Parcours chroniques, a collaborative documentary combining cartography and photography, originated. The project associates the artistic transmedia approach of Olivier Sarrazin, the doctoral research of Lucie Bacon, and the perspective of six young men1 met on the Balkan routes between December 2015 and January 2016.
Understanding the experiences and representations of migrants. Grasping the amplitude of a phenomenon through first-hand accounts of the versatile itineraries and disparate profiles. Shedding light on the non-linear itineraries, their constant transformation, “back-and-forths” and chronic readjustments. In order to contribute to the construction of an individual but also collective memory on a universal and intemporal phenomenon.
Parcours chroniques. Opus I. constitutes a first outlook on this collaborative experience with Ibrahim, author of the map opening this series.
This ongoing project will continue in August 2016, in the footsteps of the former corridor.
*Sunny, Ibrahim, Hemin, Nassir, Anis et Alam (by common consent, all the names have been changed)
![“First of all, I hope you'll never be forced to leave your home by this terrible way. When I arrived to Mytilini Island, the UN organization gave us this map to follow the right way and to know where you can find food and temporary shelter through those countries. If you notice, the languages of the map are English and Farsi. This map belonged to a family from Syria. This family took it by mistake, even if they didn't understand English and Farsi. So when we were going to Athens by ferry, they asked me if I could change my map with them. Then I accepted because I can read English. This map was really helpful because there were mentioned many important things. So it helped me, and my group. A lot.” Ibrahim, June, 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/dca4e1cc29e7c1c0cded8e942532000b96dab01196f6d33fa737a7369fe398ce/Carte-mohammed_o.jpg)
![](https://freight.cargo.site/t/original/i/53efdaa55dbf90962e84bbcb59f5a631c4c02994158f352df8aced5bc46199de/Carte_Arles-60-40_o.jpg)
![Au loin, la frontière entre la Grèce et la Macédoine, et le premier point de passage consacrant l'entrée dans le corridor migratoire dit « des Balkans ». Mis en place progressivement depuis septembre 2015, il démarre aux abords immédiats du village grec d'Idomeni, passe par la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie, l'Autriche, et s'achève en Allemagne. Evzoni, Grèce, décembre 2015.](https://freight.cargo.site/t/original/i/cefd4ce20e5be21796ba3321474e93517d937679bd5f116f2154b379c37c1b9a/Sarrazin_Olivier_01.jpg)
![En rejoignant l'une des routes conduisant au point de passage Idomeni (Grèce) – Gevgelija (Macédoine), sur un chemin qui coupe à travers champs, ont été abandonnés vêtements, objets et emballages, traces de passages, d'allers et retours, nombreux, parfois répétés et souvent précipités. Evzoni, Grèce, décembre 2015.](https://freight.cargo.site/t/original/i/d2d4608809a75be13f96657b5b41ca0dbc84cc7cf10d39fd023af5f121111a3b/Sarrazin_Olivier_02.jpg)
![A une dizaine de kilomètres de la frontière greco-macédonienne, sur le parking d'une station-essence, les bus en provenance de Thessalonique s'accumulent. Les autorités policières grecques les arrêtent et les contiennent. Elles tentent d'organiser et de réguler le mouvement afin d'éviter l'affluence à l'entrée du corridor. Evzoni, Grèce, décembre 2015.](https://freight.cargo.site/t/original/i/f53f5bc7f069999d6e7c6d92474a4d45c1c7f9452a778a73ca7d364716218ab4/Sarrazin_Olivier_03.jpg)
![Exaspérés par l'attente et/ou le froid, les voyageurs tentent d'obtenir des explications auprès des policiers grecs. Le ton monte, ils sont contraints de rejoindre leur bus. Les chauffeurs de bus, eux finissent par se mettre en grève et abandonnent leurs passagers. Les rares ONG sur place montent des abris et livrent du bois pour réchauffer les prochaines nuits. Dans la nuit, une dizaine de bus partiront finalement vers Idomeni, tandis que d'autres ne tarderont pas à venir les remplacer. Evzoni, Grèce, décembre 2015.](https://freight.cargo.site/t/original/i/938b95c46d4f25b628a93c4726649ce7dc72276216f5770a9554e1ecb6206ef4/Sarrazin_Olivier_04.jpg)
![Sunny est Pakistanais. Comme il le dit lui même, il a quitté son pays « pour un avenir meilleur ». Un an après avoir quitté le Pakistan, enfin arrivé à la frontière greco-macédonienne, c’est l’impasse. Sa nationalité ne l’autorise pas à emprunter le corridor migratoire dit « des Balkans ». L’absence de ressources financières écarte d’emblée l’idée de recourir à un passeur. Sunny décide alors de rester en Grèce et d’aider ses compatriotes en exil. Dans le camp d’Idomeni, il s’informe auprès des nombreuses ONG présentes sur place et prend des contacts. Il réside aujourd’hui à Thessalonique où il est hébergé dans une structure d’accueil pour les jeunes étrangers isolés et travaille pour une ONG en tant qu’interprète farsi-anglais. Hôtel Arra, Evzoni, Grèce, décembre 2015.](https://freight.cargo.site/t/original/i/75e5773d2730dab5f1278ebb791f8ba8f9aee99627013fda732b849e0e3a7f9c/Sarrazin_Olivier_05.jpg)
![En marge du « corridor », l'hôtel Arra est un lieu de repère pour toutes les personnes non autorisées à emprunter la route sécurisée (toutes les nationalités, exceptées syrienne, afghane et irakienne). La journée, elles sont autorisées à entrer dans la salle commune de l'hôtel, pour s'y réchauffer, recharger leur téléphone, et, bien souvent, organiser la suite de la route. La nuit, faute de moyens financiers – la chambre double est à 30 euros – les personnes dorment dehors, à même le sol, sur le parvis de l'hôtel. Hôtel Arra, Evzoni, Grèce, décembre 2015.](https://freight.cargo.site/t/original/i/0cb45896ba44c6c39ca41dab54951a1cab4b7d48379efb2a01465e2689063378/Sarrazin_Olivier_06.jpg)
![Dans des conditions climatiques extrêmement difficiles – les températures avoisinent les 0°C – Médecins sans frontières effectuent des rondes pour venir en aide aux personnes exclues du corridor. Ils distribuent de la nourriture, des couvertures et des cirés. Ils apportent également des soins à ceux qui reviennent blessés, suite à des tentatives infructueuses de passage au travers des barbelés longeant la frontière greco-macédonienne. Hôtel Arra, Evzoni, Grèce, décembre 2015.](https://freight.cargo.site/t/original/i/257225ff052cd9b13859e984172ef722c8832ace2ea85466a8c2bf919e9a8b98/Sarrazin_Olivier_07.jpg)
![A quelques mètres de la Macédoine, une file d'attente se forme. Toutes et tous attendent l'ouverture de la première porte grillagée et barbelée, première étape de l'entrée dans le corridor. La condition sine qua non pour la franchir est la possession d'une pièce d'identité et/ou d'un papier délivré par les autorités grecques établissant leur nationalité. Pour certain, l'usage de faux papiers leur permettra de se faire passer pour Syrien ou Irakien ou Afghan, et de continuer d'avancer. Idomeni, Grèce, décembre 2015.](https://freight.cargo.site/t/original/i/d9df2d2e1f5676f899dba2d8a51993c87f6aa8fa485dc0c06d96ca2ea3048a71/Sarrazin_Olivier_08_o.jpg)
![Ces barbelés matérialisent la frontière qui sépare la Macédoine de la Grèce. Située de part et d'autre du point de passage Idomeni (Grèce) – Gevgelija (Macédoine), cette clôture de 2,5 mètres a été construite par les autorités macédoniennes à la suite des attentats de Paris le 13 novembre 2015. Mise en place pour contrôler le passage, elle constitue un obstacle pour les autres nationalités, qui chaque jour, tentent de le surmonter, échouent ou réussissent. Idomeni, Grèce, décembre 2015. {image 31](https://freight.cargo.site/t/original/i/4a73108333e3204af7f33b1bb78f235c49bf43187794198e4c08a3b99b3c2e24/Sarrazin_Olivier_09.jpg)
![Ahmed (à gauche) et Ibrahim (à droite) sont irakiens. Ibrahim vient de Ramadi, à 150km de Bagdad. Face à la menace de Daesh, il décide de fuir l'instabilité permanente, les bombardements et les gangs armés. Il voyage en avion, de Bagdad à Istanbul en passant par Erbil. La traversée en bateau d' Izmir vers la Grèce est vécue difficilement. Il ne sait pas nager, le bateau est surchargé et la mer est agitée.La suite du voyage s'effectue à travers le corridor migratoire jusqu'en Allemagne. A l'aide d'une carte, il retrace la route entre chaque étape, et raye, au fur et à mesure, le nom des lieux-étapes pour se donner du courage. Camp de Gevgelija, Macédoine, janvier 2016](https://freight.cargo.site/t/original/i/ae198bbd77be1a977f4602a0d571a94c6334c263cb8bbf07a42a187f28fda74b/Sarrazin_Olivier_10.jpg)
![De l'autre côté de la clôture se situe le premier camp de transit du « corridor ». Sous le contrôle de l'armée, de la police aux frontière et du ministère de l'intérieur, la circulation dans le camp est fortement encadrée et codée. A l'entrée, plusieurs officiers contrôlent l'authenticité des papiers. Après avoir laissé passer une centaine de personnes en Macédoine, les portes grillagées ferment de nouveau. Camp de transit et d'enregistrement, Gevgelija, Macédoine, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/776ecb2b2854d371d3ba4f46d10d66b5f1cee90c6796078c48d5272c8e165eb5/Sarrazin_Olivier_11.jpg)
![Une centaine de mètres après le passage de la clôture, les personnes patientent sous une tente. Les papiers qui leur ont délivrés par les autorités grecques sont récupérés par les policiers macédoniens qui les transmettent aux agents du ministère de l'intérieur, installés à l'intérieur du camp, dans un préfabriqué. Les personne sont ensuite appelées par petit groupe pour venir récupérer leur papier grec ainsi que le laissez-passer macédonien. Camp de transit et d'enregistrement, Gevgelija, Macédoine, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/036677d1e73bee63fff900249f618699b5863e1af2dc986c77cb0bce3cedba2d/Sarrazin_Olivier_12.jpg)
![Dans le camps de Gevgelija, la croix rouge macédonienne distribue thé et pâtes chinoises sans interruption. Dans ces refuges, la seule source de chaleur provient du bruleur qui chauffe l'eau. Camp de transit et d'enregistrement, Gevgelija, Macédoine, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/2825b62ae2d2149bdc97a24bcbf7bb7a336e660244357ff573dfbd12b955d91a/Sarrazin_Olivier_13.jpg)
![Dans l'attente du prochain train qui les conduira à la frontière macédo-serbe au niveau du village de Tabanovce, les personnes patientent de longues heures sous les tentes, ont la possibilité de se nourrir, de se vêtir chaudement ou encore, de recevoir des soins médicaux. Parfois, la rumeur de l'arrivée du train se propage, et tous rejoignent le point de ralliement. Les militaires n'hésitent pas à lever le ton et à utiliser leurs matraques pour faire revenir le calme. Camp de transit et d'enregistrement, Gevgelija, Macédoine, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/d2ff5c02634b89a49f7e7b61ee10ff88f7e26057c6701b3107e6092372852125/Sarrazin_Olivier_14.jpg)
![Hemin est Kurde, Yezidis et Irakien. Nous le rencontrons, assis par terre, profitant des derniers rayons de soleil, en train de lire Les contes d'Andersen. Comme tous les autres, il attend le train qui le conduira dans le nord de la Macédoine, dans le camp de Tabanovce, dernière étape avant de passer la frontière serbe. Il vit aujourd'hui dans un centre d'accueil et d'hébergement pour demandeurs d'asile à Korbach (Allemagne) où il attend son statut de réfugié. En lien permanent avec famille et amis restés au pays, il suit de près l'actualité des Yezidis pris pour cible par les attaques de Daesh. Se sentant loin de la lutte qui décime la minorité à laquelle il appartient, il continue de résister, via les réseaux sociaux, Camp de transit et d'enregistrement, Gevgelija, Macédoine, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/b0907c3d907fbcd49e787c85d1cba0a12604fb736cad2866832692401dd05bde/Sarrazin_Olivier_15.jpg)
![Après avoir passé environ six heures dans un train surchargé, le transit par le camp de Tabanovce est relativement court. Celles et ceux qui le souhaitent peuvent prendre le temps de reprendre des forces mais la très grande majorité se dirige directement vers le point d'entrée frontalier avec la Serbie. Il leur faudra parcourir trois kilomètres à pied jusqu'au premier poste de contrôle serbe pour des fouilles corporelles, une inspection des bagages et une rapide vérification des papiers ; puis, trois kilomètres supplémentaires pour rejoindre le village de Miratovac, où les attendent un bus qui les conduira dans le camps de transit et d'enregistrement de Preševo (Serbie). Camp de transit, Tabanovce, Macédoine, Janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/43f3121b6ee2b880d72ed6a98d4991a676b0be449c8d8f36118bf35af10f2fa8/Sarrazin_Olivier_16.jpg)
![Sous une des nombreuses tentes vides, un groupe de jeunes hommes marocains, algériens et tunisiens se cachent. Ils ont réussi à traverser la Macédoine, à pied, en suivant les voies de chemin de fer, en quelques jours. Non autorisés à emprunter le corridor, ils rechargent leurs téléphones et attentent l'appel d'un ami qui leur expliquera le chemin pour traverser la frontière macédo-serbe. Camp de transit, Tabanovce, Macédoine, Janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/b050598be9d2836f925056c03511569ba2d5f9b016da2fd40b0f29826c9f2f20/Sarrazin_Olivier_17.jpg)
![Sur la route ils ont croisé des militaires, la police et la mafia. Attrapé par ces derniers, ils se sont fait dévaliser leurs économies. Leurs téléphones ont été brisés pour les empêcher de se repérer en utilisant la géolocalisation. Camp de transit, Tabanovce, Macédoine, Janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/b9c2023384697bb6a4acea81f7439b1815564a9e35888a512fb1a1006df3ec15/Sarrazin_Olivier_18.jpg)
![Malgré la fatigue, un appel avec quelques indications sur la localisation d'une mosquée dans les environs leur redonnent l’énergie pour repartir. A la sortie du camp ils demandent conseil au taxi pour trouver le village le plus proche et la direction de la frontière. Camp de transit, Tabanovce, Macédoine, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/777bc6aadaf08081b81943897cb608bb8c3a6732c173ed6d25ce942db45c9f78/Sarrazin_Olivier_19.jpg)
![Nassir est Marocain. Il a quitté le Maroc le 22 novembre 2015 et voyage avec neuf de ses amis d'enfance. De son village d'origine à la petit île grecque de Lesbos, en passant par Casablanca et Istanbul, il suit, sans trop difficultés, une des routes empruntées par les personnes exilées. L'arrivée dans le petite village grec d'Evzoni constitue le premier obstacle. Ce n'est qu'au cours de la troisième tentative qu'ils parviennent à franchir la frontière greco-macédonienne, munis d'un simple GPS. Pour eux, la visibilité est synonyme d'un risque maximal, celui d'être renvoyé dans un des pays précédemment traversés. Etudiant au Goethe Institute au Maroc, Nassir souhaite rejoindre l'Allemagne pour y poursuivre ses études. Le temps du voyage, il se raccroche à son désir d'aventures et à son espoir d'un meilleur avenir. Camp de transit, Tabanovce, Macédoine, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/427397197da69eb0f0596d76b353bfab7c5276787175cbe0cffd5710b64e6161/Sarrazin_Olivier_20.jpg)
![À l’origine, ce lieu a été construit, dans l’urgence, pour accueillir les réfugiés issus de la guerre engendrée par la dislocation de la Yougoslavie (1992-1995). Serbes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine, la plupart d’entre eux ont été intégré à la société d’accueil ou réinstallés dans d’autres pays. Cependant, certains continuent d’y vivre, faute de solutions durables. Certains des pavillons existants, alors vides, sont remobilisés pour accueillir et héberger les « nouveaux » demandeurs d’asile en provenance d'Afrique, du Moyen et Proche-Orient et d'Asie. Centre d'accueil et d'hébergement pour demandeurs d'asile de Krnjaca, Belgrade, Serbie, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/143213148f6365bd252d975dd30063e9f42cd82f6d382a38d025d48720f61c2e/Sarrazin_Olivier_21.jpg)
![En attente d'une décision administrative sur leurs demandes d'asile, ils suivent des mois durant l'aventure de leurs proches qui sont arrêtés ou réussissent à rejoindre l’Europe. Parfois longtemps sans nouvelles, le téléphone portable est le seul lien qui leur permet de communiquer. Centre d'accueil et d'hébergement pour demandeurs d'asile de Krnjaca, Belgrade, Serbie, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/6dd118f1f6b741951f6e93eb932a0fcf4348af57a87c54c1a3ca35481f2192e3/Sarrazin_Olivier_22.jpg)
![Avec le corridor migratoire, les réfugiés sont sous pression médiatique. Régulièrement des journalistes locaux et européens s’intéressent aux conditions de vie dans le camp. Ils interviewent les demandeurs d'asiles sous l'oeil vigilant du directeur qui les choisit. Centre d'accueil et d'hébergement pour demandeurs d'asile de Krnjaca, Belgrade, Serbie, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/fa545062fe655758c332b32699ffc05423c2149a05e2f95c6948c7038140838b/Sarrazin_Olivier_23.jpg)
![Près de la gare centrale de Belgrade, un centre d'accueil de jour permet aux réfugiés de s'habiller, de se nourrir et de se réchauffer alors que la nuit chacun dort dans la rue, dans les parcs au sol ou sur des cartons. Ils attendent le départ d'un train vers la frontière croate où chacun légalement ou illégalement tentera de rejoindre le passage à Sid. Belgrade, Serbie, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/1526e858505422ff983e4948b433f17dc5e430017351dcfe9b606d3e01b83638/Sarrazin_Olivier_24.jpg)
![Anis n’avait pas prévu d’emprunter la route dite « des Balkans ». Après avoir fui la Somalie et les graves troubles causés par la présence de l’organisation islamiste Al-Shabbab, il se rend à Istanbul dans le but d’y poursuivre ses études. Après s’être heurté à des obstacles administratifs, il décide de poursuivre sa route vers l’Europe. Son objectif devient l’Allemagne. Il l’atteindra deux mois plus tard. Entre temps, il traverse la Macédoine à pied, séjourne dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile en Serbie le temps de trouver l'argent et les contacts nécessaires à la suite du parcours, puis tente de passer la frontière la plus contrôlée, entre la Serbie et la Hongrie. Attrapé par les autorités hongroises, il est envoyé dans une des nombreuses prisons à ciel ouvert pour étrangers en situation irrégulière. Relâché, il poursuit sa route. Centre d'accueil et d'hébergement pour demandeurs d'asile de Krnjaca, Belgrade, Serbie, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/f7debac27c46e86d044664f6d340f568d82adc77e99066f919019088e3b2c81b/Sarrazin_Olivier_25.jpg)
![En gare de Belgrade et en direction de Sid, un wagon est réservé aux réfugiés. De facto ils ne sont pas mêlés aux autres passagers. L'ambiance est détendue, de nombreuses grandes familles présentes dans ce train ont quitté ensemble l'Iran et l'Afghanistan. Des petits enfants jusqu'aux grands parents, tous se retrouvent dans ce même voyage. Train Belgrade-Sid, Serbie, décembre 2015](https://freight.cargo.site/t/original/i/884580337dcee6f7435e049382b171124d72ac601efb8a0db194061bb3fa9dab/Sarrazin_Olivier_26.jpg)
![Pour beaucoup, la fatigue retombe et chacun essaye pendant les 4 heures de trajets de dormir et de reprendre des forces. Nombre d'entre eux ont de la fièvre et des douleurs liées à des jours de marches, à des problèmes d’alimentation et au stress. Train Belgrade-Sid, Serbie, décembre 2015](https://freight.cargo.site/t/original/i/fae6f65ae1afb95800f00149365d09fcdc61fd314fdc25056d06efdaef51f0c7/Sarrazin_Olivier_27.jpg)
![A l'arrivée au camp de transit de Sid, les passagers du train s'installent dans des tentes. Leurs documents de transit sont de nouveau contrôlés. Les fonctionnaires n'arrivant pas à prononcer le nom des personnes, les réfugiés se chargent de les distribuer dans une ambiance chaotique. Certains essayent même de voler les documents des autres. Camp de transit Sid, Serbie, janvier 2016](https://freight.cargo.site/t/original/i/9da757b9f4980eeafc81bbb0e628616b64cce547e1c52d3e08f383f23058ae26/Sarrazin_Olivier_28.jpg)
![Quelques heures plus tard, un train viendra chercher ceux qui seront arrivés en train, en bus ou en taxi. Ceux qui par leurs propres moyens, sans papiers légaux, ont réussi à atteindre ce camp, se reposent. Ils chercheront de nouvelles routes, tout en suivant les informations données par ceux qui ont réussi à passer avec de faux papiers. Camp de transit Sid, Serbie, janvier 2016](https://freight.cargo.site/t/original/i/ab471012d23a460da1147a01dc2f694006de7436a73512253d58b61f652185d8/Sarrazin_Olivier_29.jpg)
![Alam est Afghan d'Iran. Etant considéré comme minorité ethnique, lui et sa famille n'ont pas le droit d'étudier ou de travailler. IIs ont décidé de partir d'Iran ou il n'y a aucune justice et avenir pour eux. Depuis le départ, il voyage avec sa famille qui réunit vingt-sept membres et trois générations. L'Iran, la Turquie, la Grèce, puis la Macédoine et la Serbie via le corridor balkanique. A Preševo, ils choisissent le train, moyen le plus économique pour rejoindre la frontière serbo-croate, avec un changement de train obligé à Belgrade. Ali réussira à maintenir l'unité familiale jusqu'à leur arrivée en Slovénie où la famille sera divisée en deux en raison de mouvements de foule. Depuis, ils sont arrivés en Allemagne. Une partie de la famille réside à Dresden, l'autre à Hambourg. En tout, ils auront mis environ vingt jours pour rejoindre l'Allemagne, depuis l'Iran. Train Belgrade-Sid, Serbie, janvier 2016.](https://freight.cargo.site/t/original/i/6119887418bd163c195368852b57454feb4bc1d1785948a98e478d150f7d5ad8/Sarrazin_Olivier_30.jpg)
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